Revue Tsingy |
Publications scientifiques |
![]() 1006031010 Télécharger Prix 3 Euros Acheter | Les esclaves oubliés de Tromelin |
Max GUEROUT | |
TSINGY 6 | |
Mars 2007 | |
Perdu au milieu de l'océan Indien, à 500 km de la terre la plus proche, l'îlot de Tromelin, l'une des îles éparses qui entourent Madagascar, ne mesure pas plus de 1 km² et ne culmine qu'à une d'altitude de 5m. Situé sur la trajectoire des cyclones, soumis périodiquement aux vents extrêmes qui les accompagnent, aucun arbre n'a accepté d'y pousser. Malgré son isolement, ce grain de sable jeté sur l'Océan, a pourtant été dans la seconde moitié du XVIIIème siècle le théâtre d'une terrible histoire. Dans la nuit du 31 juillet au 1er août 1761, l'Utile, un navire de la Compagnie française des Indes orientales y fit naufrage. Il venait de Foulepointe, un havre situé sur la côte Nord Est de Madagascar, chef-lieu de traite de la Compagnie, où il avait été envoyé acheter des vivres : riz et buf. L'Utile avait également embarqué une « cargaison » d'esclaves malgaches malgré l'interdiction qui lui en avait été faites par Desforges-Boucher, le Gouverneur de l'Ile de France. Ce dernier en l'absence de la flotte royale craignait un blocus de l'île par les anglais et ne souhaitait pas augmenter le nombre des bouches qu'il aurait dans ce cas à nourrir. Jean de Lafargue, capitaine de brûlot, commandant de la flûte, avait sans doute pensé que l'interdiction de l'administration renchérirait le prix des esclaves, fort de son expérience et de très probables complicités du personnel colonial à l'Ile de France, il s'était lancé dans l'aventure. C'était un professionnel de la traite des esclaves qu'il avait pratiquée à ses débuts, embarqué successivement sur plusieurs navires négriers de la Compagnie. Il avait ainsi effectué le fameux voyage triangulaire entre Lorient, Gorée et les Antilles françaises, à bord de l'Aurore, en 1740 où il faisait fonction de 2ème lieutenant, puis à bord de la Vestale, avec la même fonction en 1741. Il était donc parfaitement au fait des détails de telles opérations. |
![]() 1007031100 Télécharger Prix 3 Euros Acheter | La redistribution des richesses dans un contexte de développement rural dans la région d'Analanjirofo |
Aurélie COTTIN | |
TSINGY 7 | |
2ème Semestre 2007 | |
Dès l'époque pré-coloniale, les politiques de développement rural à Madagascar ont tenté de remplacer la technique agricole locale dominante de culture sur brûlis par la culture irriguée. Lors de la colonisation française (1896-1960), cette politique nationale s'intensifie. Toutes ces tentatives de transformation des modes de culture n'ont eu que de minces résultats. En dehors des concessions vouées à la culture d'exportation, tenues par des étrangers, les paysans n'ont pas choisi d'adopter les nouvelles techniques proposées. La culture sur brûlis est aujourd'hui proscrite par le gouvernement malgache car elle est néfaste pour l'environnement. Et pourtant, malgré les menaces d'emprisonnement, c'est toujours la culture la plus pratiquée par les ruraux. Actuellement, les politiques agricoles nationales et internationales veulent remplacer la culture sur brûlis par le maraîchage. Ce n'est alors pas seulement les techniques agricoles qui changent mais ce sont aussi de nouveaux aliments qui sont introduits. |
![]() 1007031080 Télécharger Prix 3 Euros Acheter | Le pentecôtisme dans le Sud-Ouest de l'océan Indien |
Bernard BOUTTER | |
TSINGY 7 | |
2ème Semestre 2007 | |
Le pentecôtisme, ce christianisme effervescent qui se caractérise par une volonté de réactualisation des charismes de l'Église primitive, a connu une croissance remarquable depuis son apparition au tout début du XXème siècle, et est représenté aujourd'hui par plusieurs milliers de dénominations. Si l'on ne considère que les Églises s'inscrivant dans le protestantisme évangélique, berceau historique de ce courant religieux en pleine expansion, le nombre de fidèles atteindrait selon les estimations, 230 millions sur l'ensemble de la planète. Mais en choisissant d'inclure également dans cette mouvance les groupes charismatiques qui se sont développés à partir des années soixante au sein des confessions établies, protestantes et catholique, ainsi que les mouvements dits « néocharismatiques » ou « néopentecôtistes » qui prolifèrent depuis trois décennies, certains chercheurs proposent un chiffre supérieur à 543 millions. Pour notre part, dans cet article, nous exclurons de notre champ d'études les charismatismes intraecclésiaux, mais pas les néopentecôtismes récents qui, bien qu'ayant des spécificités par rapport au pentecôtisme dit « classique », présentent, selon nous, encore suffisamment de points communs avec ce dernier pour être envisagés dans une même perspective sociologique. |
![]() 1006033010 Télécharger Prix 3 Euros Acheter | L'histoire de la Nouvelle Calédonie. Approche chronologique et enjeux contemporains |
Frédéric ANGLEVIEL | |
TSINGY 6 | |
Mars 2007 | |
Quel est le moment le plus chaud de l'année ? Les voix se mêlèrent. - C'est en décembre, M'dame ! - C'est en janvier, M'dame ! - Vous vous trompez tous, mes enfants, l'été n'est ni en décembre, ni en janvier, mais va du 21 juin au 21 septembre. Les mois de juillet et d'août sont les plus chauds. Les mois de juillet François se leva poliment et dit d'un air têtu : « Mais non, M'dame, en juillet, en août, il fait froid, papa dit que les bananes mûrissent mal à ce moment là. Le soleil est moins fort. Alors c'est l'hiver. - François, dit posément madame Bounignan Ouvrez votre livre et lisez ! Vous trouverez ceci dans votre manuel de géographie. Quand je parle des saisons, je parle des saisons « vé-ri-ta-bles » et non du temps qu'il peut faire ici ! Décembre est le mois de la neige et juillet celui du soleil Les enfants écoutaient charmés, emportés dans un conte de fées, se représentant ce pays merveilleux le vrai, le seul... Et toujours, au fond d'eux-mêmes demeurait ce lourd sentiment de honte, cette humiliation de n'appartenir point à ce monde dont on parlait dans tous les livres, le vrai : le Monde, enfin ! Aucun manuel ne mentionnait jamais la saison ou l'époque de la récolte du café, des ambreuvades ou de la vanille, mais tous parlaient de la « moisson blonde ». Jean Mariotti, A bord de l'Incertaine, 1942. |
![]() 1007031060 Télécharger Prix 3 Euros Acheter | Ancêtres et Nation : itinérance du Hasina |
Didier GALIBERT | |
TSINGY 7 | |
2ème Semestre 2007 | |
La mise en sujet de la communauté nationale ne va pas de soi, s'agissant d'une société hiérarchique confrontée à l'idéal européen de la citoyenneté et aux graves distorsions affectant l'application de cet idéal dans le contexte colonial, y compris au cours des années 1950. Dans ce paysage symbolique bouleversé, la médiation d'une conception autochtone de l'autorité politique grandit, en proportion des désillusions relatives à l'idéal de la modernité politique européenne, à partir de la fin des années 1980. On évoquera ce travail sur la tradition à partir de lieux de mémoire désormais bien étudiés par les chercheurs, tels que le doany / sanctuaire d'Andranoro, le tombeau du roi Andriamanelo à Alasora et celui de Jean René à Ivoloina, près de Tamatave, le doany de Miarinarivo, actuellement englobé dans la ville de Majunga. Non reconnus par les Églises chrétiennes, ces sites sacrés sont toutefois très fréquentés et leur notoriété déborde les frontières du territoire national, compte tenu de leur succès auprès de certains éléments de la diaspora. La dévotion qui les entoure constitue la trace visible d'un processus syncrétique d'indigénisation de la citoyenneté. Le repérage de celui-ci conduit à un débat sur la nationalisation de la notion traditionnelle de hasina, en tant que principe de la légitimité politique et garantie de la nature bienfaisante du pouvoir. |